Bien-être au travail et bien-être animal : Des outils pour faire le point avant de se lancer

De même qu’un bon traitement commence par un bon diagnostic, avant de se lancer dans une démarche « essai – erreur », il peut être plus efficace de s’accorder un peu de temps pour faire le point : Qu’est ce qui est vraiment important pour moi aujourd’hui ? Quels sont les aspects que je maîtrise déjà bien et qu’il ne faut surtout pas dégrader ? Quels sont les thématiques sur lesquelles j’ai vraiment besoin / envie de progresser ? Ces deux dernières questions s’appliquent aussi bien à l’humain qu’à l’animal… Des outils simples, faciles à manipuler, sont en accès libre.

Commençons par la qualité de vie au travail des éleveurs : Estelle LEROUX, chargée de mission innovation et coconstruction en santé et bien-être animal de l’association LIT OUESTEREL a produit plusieurs outils pour vous aider dans la réflexion dans le projet « Améliorer le BEA tout en assurant des conditions de travail sereines aux éleveurs » :

  • Tout d’abord une description des 27 critères utilisés pour couvrir les différents champs du bien-être au travail, répartis selon 6 axes (cf dessin ci-dessus).
  • Ensuite – et c’est celui que je préfère – un jeu de cartes permettant de hiérarchiser ces 27 critères en fonction de vos priorités du moment. J’aime beaucoup ce format là parce que manipuler des objets donne une plus grande valeur, un plus grand poids à ce que l’on fait. De plus, les règles ont été imaginées pour vous pousser à prioriser, et donc à choisir. Et choisir, c’est renoncer… Et oui, on ne pourra pas tout faire en même temps ! Une fois les cartes placées devant vous selon ce votre ordre d’importance, une étape supplémentaire me paraît essentielle : Choisir les 8 ou 10 cartes les plus importantes et noter celles pour lesquelles votre objectif est déjà atteint et il ne faut surtout pas le dégrader à différencier de celles pour lesquelles il y aura des actions à mener pour atteindre votre but.
  • Ou une alternative au jeu de carte : le radar « évaluation globale ». Attention, celui juste au-dessus – « évaluation d’une solution BEA » – est intéressant mais n’a pas le même usage. Nous y reviendrons plus tard. Ce radar d’évaluation globale est très similaire au jeu de cartes mais il est en 2D, donc moins « palpable », ne reprends pas les définitions des critères mais on les a au dessus et n’a pas de règles, donc pas de priorisation. Le risque : de tout mettre en 5 ! Et dans ce cas : par quoi commencer ??? Mais vous pouvez très bien appliquer les consignes du jeu : commencer par un autre axe que le physique et choisir maximum 2 items notés « 5 » par axe.

Je vous suggère ensuite de prendre en photo ou de noter la date de vos productions, car ressortir ces documents permet de se rendre compte du chemin parcouru. Comme personne ne vous félicitera pour les progrès accomplis alors faîtes-le vous-même !

Ces visuels-là ont plusieurs utilités :

  • En cas de travail à plusieurs : mettre en communs les priorités individuelles pour choisir une stratégie d’exploitation collective cohérente avec les envies de chacun
  • Bâtir un plan d’actions
  • Vérifier qu’une décision ne détériorera pas des critères importants pour vous

Maintenant que vous avez pris soin de vous, vous serez plus disposé à prendre soin des animaux dont vous avez la responsabilité.

Pour faire le point sur les bien-être des bovins, je vous propose une grille d’évaluation rapide disponible sur simple demande par mail. Elle prend en compte les vaches adultes, les génisses et les veaux, qu’ils soient laitiers ou allaitants, au pâturage comme en stabulation, en aire paillée comme en logettes. Pour être plus précis vous pouvez utiliser plusieurs fois la grille en dissociant les vaches en lactation des vaches taries ou en préparation au vêlage, les petites génisses et les grandes génisses, les veaux en logement individuel et les veaux en logement collectif…

Cet outil a été conçu à partir de deux référentiels : Welfare Quality et CowSignals(c) – Signes de Vaches(c). Plusieurs critères nécessitent une grille d’évaluation spécifique à la race ou au stade physiologique, raisons pour lesquelles la notation est laissée à votre propre appréciation. Si vous le souhaitez, vous pourrez revoir les critères de notation dans les formations « Méthode Signes de Vaches : Comment gagner en santé, bien-être animal et en productivité ? » ou « Augmenter la production sans toucher à l’alimentation : mission impossible ?« 

Cet auto-diagnostic se focalise uniquement sur les obligations de résultat – c’est à dire les indicateurs mesurés sur l’animal – sauf peut-être un ou deux critères. On ne parlera donc pas de m² ou de nombre d’abreuvoirs par exemple, ce sont des obligations de moyen. Pourquoi ??? Parce qu’on peut débattre longtemps des moyens à mettre en place. Par contre, un animal qui va bien aura toujours la même « allure » et ce sont les moyens mis en œuvre qui permettent d’attendre ce bovin « heureux ». Entre les systèmes qui diffèrent et les « normes » qui varient, se focaliser sur les signes émis par l’animal permet de proposer un outil simple et adaptable à cette diversité. De plus, c’est aussi un outil de pilotage de l’efficacité d’une action : on évalue sur les animaux directement si la modification a améliorer leur bien-être ou pas.

Une fois cet auto-diagnostic posé, il vous sera plus simple d’établir des actions et de les prioriser dans le temps. Parfois un accompagnement individuel sur-mesure est nécessaire pour avoir un regard extérieur ou un conseil afin de choisir les actions les plus adaptées. Pour des modifications d’envergure, après une phase de recherche d’informations sur les tenants et les aboutissants de ce changement, il est recommandé de se projeter et de faire à nouveau le lien entre l’humain et l’animal en se demandant comment cette mesure va modifier votre qualité de vie au travail. Pour cela, le radar « Évaluation d’une solution BEA » pourra vous aider.

Si vous avez des questions ou des commentaires, n’hésitez pas à prendre contact !